sur Arte : les écrans, un « enjeu de santé majeur » pour neurones en danger
Le documentaire de Raphaël Hitier dresse un état des lieux des dangers liés à une consommation excessive d’écrans, notamment par les plus petits.
Des enfants de 2 ou 3 ans tétanisés devant un écran, des médecins qui sonnent l’alarme et des établissements qui tentent de guérir de l’addiction aux écrans des adolescents en manque. Des Etats-Unis à la Suède, de la France à la Chine, le documentaire de Raphaël Hitier propose de voyager à travers un monde numérique qui ne cesse de faire des dégâts. Mais en multipliant les cas, les diagnostics et les expériences en cours, il ratisse sans doute un peu trop large pour parvenir à capter l’attention de bout en bout.
En 1970, la télévision surgissait en moyenne à l’âge de 4 ans dans la vie de l’enfant. Aujourd’hui, c’est dès 4 mois. A cela s’ajoute la multiplication des écrans avec la banalisation des tablettes et des smartphones que les plus jeunes utilisent de plus en plus tôt. Certains enfants passent un tiers de leur temps d’éveil devant un écran, alors que la plupart des spécialistes recommandent d’écarter totalement des écrans les moins de 3 ans et préconisent aux 5-6 ans de ne pas rester devant plus d’une heure par jour.
En 1970, la télévision surgissait en moyenne à l’âge de 4 ans dans la vie de l’enfant. Aujourd’hui, c’est dès 4 mois
Psychologues, psychiatres et médecins sont inquiets. « Pour un petit, passer trop de temps devant les écrans peut entraîner des troubles de caractère, de langage, une intolérance à la frustration. Les écrans sont devenus un enjeu de santé majeur », souligne le docteur Sylvie Dieu Osika, après avoir notamment suivi une petite fille qui passait six heures par jour en moyenne devant les écrans, entre dessins animés le matin, repas devant la télé et vidéos sur smartphone après la sieste.
« Une exposition trop importante aux écrans entraîne une perturbation du sommeil, de l’attention, des difficultés d’apprentissage », confirme Rachel Barr, psychologue à Washington. En Suède, une grande étude menée sur les habitudes numériques de 115 familles prouve que le développement cognitif est mis à mal. Plus les écrans sont présents, plus les enfants tardent à parler.
Habitudes chronophages
Pour le psychiatre Serge Tisseron, les choses sont claires : « Un enfant de moins de 3 ans a peu de temps d’éveil. Il faut qu’il utilise ce temps pour les activités cognitives et sociales indispensables. Avant 3 ans, évitons les écrans autant que le bifteck dans le biberon ! L’estomac d’un bébé ne digère pas cette nourriture tout comme son cerveau ne digère pas les écrans. » Pour le très jeune enfant, il existe ce que les spécialistes nomment un défaut de transfert. Autrement dit, il lui est impossible de faire le lien entre ce qu’il voit à l’écran et la réalité.
L’Organisation mondiale de la santé a officiellement catalogué comme maladie l’addiction aux jeux vidéo
Pour les plus âgés, le danger existe aussi. Aux Etats-Unis, le temps d’écran est estimé à 4 h 40 par jour avant 12 ans, 6 h 40 après. Vidéos, réseaux sociaux, surf sur Internet, les habitudes numériques sont chronophages. Une enquête au long cours menée à travers tout le pays sur 12 000 enfants étudie ces pratiques et leurs conséquences, notamment sur le contrôle des pulsions, la gestion des émotions, la prise de décision.
Les nouvelles générations sont-elles en danger ? L’Organisation mondiale de la santé a en tout cas officiellement catalogué comme maladie l’addiction aux jeux vidéo. Un fléau social qui, pour des raisons culturelles, touche plus les pays asiatiques que le reste du monde. En Chine, il existe des centres de rééducation pour ados accros. Ce tour d’horizon inquiète souvent, interroge parfois.
Génération écrans, génération malade ?, documentaire de Raphaël Hitier (Fr., 2020, 53 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 1er décembre.
Merci de partager cette approche des ‘écrans’,on ne réalise pas toujours le mal que l’on fait à ses enfants,sans s’en rend compte.!